Voici le dernier message que nous a envoyé Alain Blanc, alors qu’il était à Ushuaïa juste avant son retour pour la Suisse. Il donne sa conclusion à la mission qu’il a mené en Antarctique pour le compte de la Fondation PlanetSolar.
Quel privilège d’avoir pu participer à une si belle aventure, et avec un objectif si enthousiasmant ! Je regrette beaucoup que Raphaël Domjan n’ait pas pu participer à ce périple, mais je suis très satisfait d’avoir réussi la mission qui m’a été donnée, celle de faire naviguer un kayak solaire en Antarctique.
La démonstration est concluante, le potentiel de l’énergie solaire est pareil ici qu’ailleurs. Sauf qu’ici, en cette période, il fait jour tout le temps, ce qui permet de penser qu’une navigation continue est possible, sans avoir recours à aucune énergie fossile! Si cette application solaire est pertinente pour un moyen de transport léger, j’espère qu’elle donnera l’exemple aux différentes bases scientifiques de l’Antarctique, afin qu’elles aient recours en priorité à cette énergie plutôt qu’aux tonnes de fuel nécessaire à leur fonctionnement… Bien sûr, l’énergie solaire n’est pas viable sur une année entière à ces latitudes. Mais c’est en période estivale que l’activité est à son comble. En termes d’occupation, si les bases permanentes comptent en moyenne une dizaine d’occupants tout au long de l’année, elles en comptent 6 à 7 fois plus pendant la période estivale.
Je me sens aussi très privilégié d’avoir pu vivre une telle expérience, dans un décor si époustouflant. Ce décor semble à priori encore relativement préservé de l’impact de l’homme sur la planète. Et pourtant, Eugenio, qui a navigué plus de 40 ans dans le coin, était choqué de voir tomber la pluie sur les Shetlands du Sud, dans cette contrée qui n’a jusqu’ici connu que neige et glaces… J’espère aussi que le tourisme international, alors que la demande explose, saura raison garder et protégera plutôt qu’exploitera ces trésors naturels.
Enfin, un tel voyage, si fort en découverte et en prise de conscience, ne serait rien sans le partage. Je salue mes camarades d’expédition qui m’ont confirmé que la camaraderie et l’humour ont raison de toutes les difficultés!
Alain Blanc, Ushuaïa, le 5 janvier 2020.