L’aventure de la Fondation PlanetSolar en Antarctique a pris fin au cours des premiers jours de janvier. Voici le récit des derniers jours à bord du NDS Evolution:
Lundi 23 décembre
Nous passons la journée à la base d’Esperanza. Cette base argentine a une importance particulière pour l’histoire de l’Antarctique. C’est ici que sont nés les seuls êtres humains du continent, il y a presque 40 ans! Aujourd’hui, même s’il n’y a plus de naissance, l’école est toujours en fonction. Viktor Navarro et son épouse accueillent les enfants d’une dizaine de familles pendant toute une année. Non seulement Esperanza possède la seule école du continent mais aussi sa seule chaîne de radio! Elle diffuse un programme FM pour tous les habitants de la base et produit une émission quotidienne pour la radio internationale argentine. Aujourd’hui, nous avons les honneurs de cette diffusion!
Mardi 24 décembre
Nous espérions passer le soir de Noël ici, à Esperanza, mais la météo nous oblige à repartir vers le Nord. C’est l’autre base argentine de Carlini qui nous accueille pour le repas de Noël. Avant de passer à table, nous nous évadons sur une berge pour une longue marche côtière. En cette soirée de veille de Noël, la base est au complet et un énorme buffet froid est à la disposition de tous. A minuit, après le discours du nouveau chef de base, tout juste entré en fonction, le Chivas Regal est servi à la louche dans un grand cube de glace fraichement amené… et tout le monde danse!
Mercredi 25 décembre
Peut-être aurions-nous dû poursuivre notre route vers le Nord hier ? Il en était question… Mais l’idée de célébrer Noël avec les Argentins a été plus forte. Aujourd’hui, nous nous apercevons que nous avons certainement raté un excellent créneau météo pour franchir le Drake…
Vendredi 27 décembre
Nous partons pour Deception Island. Eugenio, notre amiral, a un souci familial et ne peut plus attendre. Il embarque sur l’ « Ushuaïa », un navire touristique argentin venu le récupérer dans le cratère de Deception. Ancré au bout de la baie, nous faisons face à un fort vent (45 nœuds, avec des pointes à 60 nœuds). Je prends la barre un moment. Nous sommes ancrés, mais à la barre quand même! Je dois maintenir le bateau au vent et garder un angle correct afin de ne pas arracher l’ancre. Nous nous relayons à la manœuvre toute la nuit… enfin tout le jour de la nuit dans le jour sans fin de ces latitudes.
Jeudi 02 janvier
Nous avons quitté notre mouillage le 29 décembre. Le rythme des quarts reprend. Nous avons bu une bouteille de Prosecco pour Nouvel An. Les vents nous obligent à faire un cap plus à l’Est. Dommage, nous ne verrons pas le Cap Horn. Par contre, nous voyons bien le chapelet d’îles menant au mythique Phare du Bout du monde, sur l’Ile des Etats. La nuit est de retour : à peine 2 heures de pénombre mais ça fait bizarre… Je réalise que nous n’avons pas vu la nuit depuis 1 mois! Nous remontons le canal de Beagle jusqu’à Ushuaïa. A peine arrivé, une surprise nous attend : l’organisation qui devait rapatrier une bonne partie de notre équipement, dont le kayak solaire de la Fondation PlanetSolar, n’est pas là et ne le sera finalement jamais. Bienvenue dans la réalité et les problèmes du monde contemporain! Heureusement, la Compagnie du Ponant, à travers le capitaine Patrick Marchesseau, nous retira cette belle épine du pied. Ils embarquent une partie de notre matériel dans l’un de leurs bateaux qui repartira vers la Méditerranée dans quelques mois. Nous récupérerons le kayak solaire à Venise cet été!
Alain Blanc